Des jeunes en uniforme stylé SNU, marchant au pas derrière
une flamme censée symboliser la liberté : le 12 mai dernier, le barnum mémoriel
autour du 80e anniversaire de la Libération fait étape à Avranches.
Avec au fil des semaines, culminant en apothéose le 6 juin,
parades à grand spectacle, reconstitutions estampillées « historiques »,
enfants des écoles mobilisés au nom d’un improbable « devoir de mémoire »,
dirigeants politiques théâtralisant leur présence, bénéfices commerciaux
attendus (en Normandie, tous les hôtels affichent complet) : réduite à la mise
en scène de quelques moments patriotiques et militaires, la mémoire collective
sert à tout, à condition de savoir s’en servir ; et ce faisant, elle montre
surtout l’illusion, l’insignifiance de ses prétentions pédagogiques.