mardi 20 septembre 2022

" L' inadaptation de l’enseignement : trop durable pour un hasard "

Antoine Prost conclut le dernier volume de la très excellente Histoire de l’enseignement et de l’éducation en France par une réflexion sur « l’inadaptation de l’enseignement : trop durable pour un hasard ». Sur un thème effectivement récurrent, cette réflexion prend toute sa saveur – mais laisse un goût d’amertume certain – au regard de la date de sa rédaction : 1981… Il y a plus de 40 ans, la plupart des historiens de l’éducation mettaient déjà l’accent sur la rencontre tumultueuse entre, d’une part, la prolongation de la scolarité à 16 ans et l’impératif démocratique du collège unique, avec, d’autre part, un système scolaire - surtout l'enseignement secondaire - qui, à l’origine, n’avait jamais été conçu pour accueillir des élèves issus de tous les milieux. Le découpage arbitraire des savoirs en disciplines scolaires, l’enfermement des mêmes savoirs en programmes officiels aux exigences surréalistes, la prééminence de la parole du maître sur toute autre forme d’activité, une évaluation des élèves réduite à des notes et à des classements etc : autant de principes jugés inattaquables malgré leur faible rationalité, principes sur lesquels l’école s’est crispée en dépit des interrogations légitimes qu’on peut lui adresser.

De fait, ces lignes écrites il y a 40 ans décrivent une réalité qui est également celle d’aujourd’hui, celle d’un système éducatif qui s'obstine désespérément à adapter les élèves à ses traditions, à les faire rentrer dans un moule qui ne fait plus sens et qui considère comme une capitulation honteuse de devoir accepter des élèves qui ne viennent plus du monde d'hier.  Au rythme de l’Education nationale, faut-il se résigner à dresser le même constat dans 40 ans ?

vendredi 9 septembre 2022

Rentrée 2022 : « grand » débat sur l’école. Après beaucoup d'autres. Pour ne rien changer ?

A l’ordre du jour de la présente rentrée, un débat, censé donner la parole aux acteurs de l’école pour identifier les besoins, les difficultés du système éducatif. Un débat nécessairement « grand », nécessairement « fondateur »… comme l’Education nationale aime à en monter très régulièrement et dont les résultats sont généralement inversement proportionnels à la communication qui les accompagne. Consultation d’autant plus artificielle que, dans le meilleur des cas, elle ne peut rendre compte que de problèmes connus de longue date, tout comme leurs solutions, qui nécessiteraient des remises en cause auxquelles s’opposent avec constance la virulence de la tradition et la pusillanimité politique. Problèmes et difficultés qui, à bien y regarder, ne sont pas aujourd’hui fondamentalement différents de ceux qu’identifiait, il y a plus d’un demi-siècle, le colloque d’Amiens, observé de près et raconté par Suzanne Citron dont on reprend ici l’analyse.

Le venin dans la plume, le venin dans l'école

Le venin dans la plume, le venin dans l'école

  Avec plus d’un tiers des électeurs votant au premier tour pour Zemmour, Le Pen ou Dupont-Aignan, la victoire finale de l’extrême-droite ...