mardi 28 novembre 2023

Minute de silence, hommage administratif, émotion obligée : Kafka maître d’école

 

605 sanctions, dont 85 exclusions définitives prononcées à l’encontre d’élèves dont l’attitude avait été jugée non conforme avec les prescriptions attendues lors de l’hommage à D. Bernard, le mois dernier. Des sanctions qui interpellent (ou plus précisément qui auraient dû interpeler) autant sur le fond que sur la forme.

lundi 20 novembre 2023

"La légende dorée d'une France europhile..."

 

Avec ce petit livre (155 pages), écrit avec la clarté et la concision propres à un auteur qui connaît son sujet, Matthieu Calame, qui doit principalement sa réputation à ses travaux sur l’agronomie et l’agriculture, s’intéresse, pour le mettre à mal, au discours prétendument europhile des élites françaises dont l’action a bien plus souvent consisté à freiner voire à saboter la construction d’une Europe fédérale qu’à la mettre en chantier. Partant de l’histoire de la Suisse, qu’il connaît bien, pour l’élargir à celle de l’Europe, il cite volontiers Tocqueville – une référence logique quand on veut bien admettre que la République a hérité de l’Ancien régime une forme d’absolutisme qui la distingue (pas en bien…) de ses voisins, Cheikh Anta Diop, mais aussi – heureuse surprise – Suzanne Citron.

samedi 18 novembre 2023

Laïcité à la niçoise (à la française) : la nausée

 

Tir groupé des médias, locaux comme nationaux, effroi dans les salles de rédaction, fureur des politiques. Bombardements sur Kherson ? Sur les hôpitaux de Gaza ? Nullement : à Nice, des élèves de CE2 « surpris en pleine prière » pendant la récré, « les signalements se multiplient », peut-on lire dans 20 minutes. Et les politiques et les médias de s’emballer dans une sainte fureur au côté de l’Éducation nationale. Estrosi, toujours à l’affut lorsque la république est menacée (sauf un soir de 14 Juillet sur la Promenade des Anglais), dénonce les « graves atteintes à la laïcité », affirmant, dans un communiqué commun avec la rectrice d’académie : « notre République laïque que nous défendons et en laquelle nous croyons est notre socle collectif… », avant de conclure par un vibrant « nous ne laisserons rien passer ». En juin déjà, l’alerte avait été chaude, déclenchée, cette fois-ci, par des élèves de CM1-CM2 - « des faits extrêmement graves » (Estrosi) - immédiatement remontés au ministre (Pap Ndiaye) qui les avait jugés « intolérables », mobilisant dans l’urgence une brigade « valeurs de la république » (ça existe…), répondant ainsi aux sollicitations pressantes de Ciotti qui de son côté appelait l’État à « intervenir de toute urgence ». Les parents de la Peep 06 jugeaient de leur côté « le sujet particulièrement grave », « inadmissible » pour le groupe écolo de la mairie de Nice. La préfecture était mise en état d’alerte, un peu comme pour les incendies de forêt…

vendredi 10 novembre 2023

Première Guerre mondiale : « pour en finir avec l’historiographie héritée »... à l'école

 

L’hommage aux morts dérivant vers un hommage à la guerre par la magie des programmes scolaires : ce 11 novembre ne déroge pas aux (mauvaises) habitudes, avec ses rangées d’élèves au garde-à-vous devant le drapeau, encadrés par les Anciens d’Algérie dont la présence habituelle dans les cérémonies dites du souvenir confirme plutôt qu’en ce domaine, l’Education nationale, grande organisatrice de la mémoire collective, aurait plutôt la mémoire courte… De fait, même si, au cours des dernières décennies, l’approche pédagogique  de la Première guerre mondiale a, dans une certaine mesure, diversifié ses objets, cette période de l’histoire n’en reste pas moins dominée – surtout à l’école primaire – par un souci de morale civique singulièrement teintée de patriotisme : c’est à travers ce prisme déformant – « rendre hommage à ceux qui firent le sacrifice de leur vie »  – que l’Education nationale avait conçu sa participation – et surtout celle, plus ou moins forcée, des élèves – au centenaire de la guerre, notamment par un partenariat privilégié avec le ministère de la Défense et les associations d’anciens combattants, dans une perspective résolument patriotique et militaire.

dimanche 5 novembre 2023

L’uniforme scolaire : un cadeau du contribuable aux patrons du textile

 

Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a répondu favorablement à la demande ubuesque d’Attal de « tester » l’uniforme scolaire dans quelques établissements. Rien d’étonnant à cela : pour deux arrivistes – le regard fixé sur les sondages d’opinion – à qui l’on prête les plus hautes ambitions (pour eux-mêmes, pas pour l’intérêt général), la question scolaire est d’abord une affaire de fringues. Inutile de revenir sur l’argumentaire développé par Wauquiez : « gommer les différences » (alors que l’école française se caractérise par une étroite corrélation entre les résultats des élèves et leur milieu social), « lutter contre les symboles religieux » ( cinq jeunes filles en robe longue signalées en septembre…), « citoyenneté » (dans l’histoire de l’Europe, les régimes politiques qui ont voulu mettre les jeunes en uniforme n’ont jamais été des modèles de démocratie) etc. Bref, sur ce sujet, le même recueil de fantasmes inlassablement exploité par la droite et l’extrême-droite et toujours relayé avec complaisance par des médias bien peu regardants sur la nature réelle de la question.

Le venin dans la plume, le venin dans l'école

Le venin dans la plume, le venin dans l'école

  Avec plus d’un tiers des électeurs votant au premier tour pour Zemmour, Le Pen ou Dupont-Aignan, la victoire finale de l’extrême-droite ...