Des élèves de plus en plus violents ? Une « explosion » des
violences scolaires ? Comme toujours en la matière, l’instrumentalisation
politique d’un petit nombre de faits divers, complaisamment entretenue par des
médias (tout autant irresponsables que les réseaux sociaux) qu’aucun scrupule
déontologique ne retient, réussit à donner à une opinion publique peu exigeante
une image caricaturale, quasi apocalyptique, d’une école en proie à une
jeunesse que plus rien ne retiendrait, une jeunesse prédélinquante (Attal), en
voie d’ « ensauvagement ». De façon significative, cette rhétorique
catastrophiste se réfère plus ou moins implicitement à un ordre scolaire
fantasmé, reconstruit à partir de l’image d’un passé idyllique qu’il suffirait
de restaurer, une image pourtant démentie par la quasi-totalité des témoignages
directs laissés par l’école des siècles passés.