mardi 11 juin 2024

Chudeau, ministre de l'Education nationale ? L'école au pied du mur.

 

« Jean-Michel Blanquer reprend à son compte nos idées sur l'école. Je ne peux que m'en féliciter. C'est une victoire idéologique pour nous, et une défaite des pédagogistes, qui ont fait tant de mal au pays ! »  En décembre 2017, ce satisfecit adressé à Blanquer par Marine Le Pen soulignait la convergence entre les conceptions (contre-)éducatives et la politique gouvernementale, que l’Éducation nationale était chargée de suivre. Depuis 7 ans maintenant, il ne fait plus guère de doute – même s’il a fallu à certains du temps pour s’en convaincre – que l’école est devenue le terrain d’expérimentation de l’extrême-droite. Une tendance s’accentuant de façon de plus en plus brutalement au fil des déclarations et des annonces d’Attal, d’abord comme ministre en titre, puis  comme chef de gouvernement.

Sélection précoce des élèves, ségrégation sociale, recentrage sur les rudiments (abusivement qualifiés de « fondamentaux »), laïcité punitive et policière, formation civique et morale gangrenée par les fantasmes identitaires trouvant son achèvement dans une période d’encasernement obligatoire (le SNU), uniforme scolaire, discipline scolaire réduite à l’exigence d’obéissance et de conformisme : une jeunesse mise au pas. Les enseignants de leur côté, se voient réduits au rôle de simples exécutants des caprices ministériels par une surveillance envahissante (vade-mecum, manuels officiels, formation infantilisante). Cette brutalisation de l’école, inscrite de longue date dans le programme de l’extrême-droite, c’est l’Éducation nationale qui la met en œuvre de 2017 à 2024 – exception faite de la brève parenthèse Pap Ndiaye – sans état d’âme, se réfugiant confortablement derrière les obligations loyauté/servilité du service public.

« Consternant mais indéniable et peut-être pas surprenant : si, dans les années qui viennent, l’extrême-droite accède au pouvoir, sa politique scolaire n’aura pas à révolutionner un système éducatif dont les valeurs aujourd’hui affichées sont pour une large partie les siennes. Pas plus que l’Éducation nationale, de son côté, n’aura à forcer sa nature pour mettre ses habitudes, ses forces – sa brutalité – au service d’une politique qu’elle aura largement anticipée ».   

Dans les années qui viennent… ma note de blog (08/04/2024) était bien optimiste ; aujourd’hui, avec la décision folle d’un président que l’exercice solitaire du pouvoir a rendu fou, dans un pays rendu aveugle (à 40 %) par la prose toxique de l’extrême-droite, ce n’est plus qu’une question de semaines.

L’école est à présent au pied du mur avec la perspective d’une rentrée de septembre sous la férule de Chudeau, « spécialiste éducation » du RN, apôtre de la solution finale au problème musulman à l’école. Perspective que ne remet certainement pas en question la pusillanimité désespérante – mais habituelle – de la gauche, trop occupée par ses querelles de chapelle (ou d’ego). S’il reste encore une chance d’échapper à ce scénario catastrophe, ce n’est pas dans l’arrière-cuisine des partis politiques qu’il faut la chercher mais dans la mobilisation de la société civile et plus spécialement chez tous ceux qui ne peuvent se résoudre à voir la jeunesse d’un pays mise durablement au garde-à-vous, la question éducative confisquée par le populisme, le service public d’éducation réduit à une chambre d’enregistrement des idées les plus folles de l’extrême-droite.

Une mobilisation qui, dans les jours qui viennent, pourrait symboliquement prendre la forme d’une remise en cause de la politique éducative suivie depuis 7 ans, celle qui, précisément, parce qu’elle légitime l’extrême-droite, n’est pas pour rien dans le vote du 9 juin.

Depuis plusieurs semaines, la contestation contre le « choc des savoirs » est un exemple d’initiative pacifique, née du terrain et qui a su se faire entendre. Le 17 juin – début du séjour de cohésion du SNU – une occasion à saisir. Après, il sera trop tard.

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