vendredi 19 janvier 2024

L’école confisquée par la république

 

Un texte très riche, très dense, à l’appel de mouvements pédagogiques, associatifs, syndicaux pour dénoncer « la gouvernance autoritaire, le management violent (…), la ségrégation des acquisitions scolaires ». Un appel à « un grand mouvement d’élaboration d’alternatives pour l’École, visant à une grande réforme pour refonder une institution éducative démocratique, humaniste, moderne (…) ».

http://www.afef.org/halte-la-casse-de-lecole-une-riposte-collective-simpose-0

Mais pourquoi faut-il en atténuer (certes partiellement mais ce n’est pas une raison…) la portée par ce détour – malheureusement habituel et incongru – à « reconstruire une école républicaine » qui non seulement n’a jamais existé mais qui se réfère obstinément à un régime hors sol, déconnecté de toute historicité (de quelle république s’agit-il, la première, la seconde… la cinquième ?) ? A un régime qui, lorsqu’il s’est préoccupé de l’école, ne l’a jamais fait dans la perspective d’une émancipation individuelle et /ou collective mais bien au contraire avec l’objectif, au mieux, de contrôler la jeunesse, au pire, de la mettre au pas. L’école « républicaine » de Macron, l’école du SNU et des uniformes, l’école d’une laïcité identitaire et punitive, ne diffère pas de l’école de la Troisième république aux relents militaristes et nationalistes, ni des fantasmes totalitaires de 1793. 

lundi 15 janvier 2024

Régénération, réarmement civique, autorité : Macron 2024 dans les pas de Hollande 2015.

 

Régénération, réarmement civique, autorité : une rhétorique martiale et guerrière, fortement sous-tendue de considérations identitaires, s’incruste autour de l’École, illustrée par des symboles criards comme l’uniforme et le SNU. « Le réarmement civique – écrit Thierry Ribault, chercheur en sciences sociales – est un sous-produit idéologique de la doctrine de la résilience nationale élaborée par les dirigeants macronistes. C’est une phase préparatoire à un réarmement militaire et à une mobilisation nationale de la jeunesse. » Élaborée par des dirigeants macronistes ? Sans doute mais pas seulement : à bien des égards, le moment actuel apparaît comme l’aboutissement d’une impulsion donnée par la majorité précédente (2012-2017) – dite de gauche – dans la foulée des attentats de 2015. Depuis l’absurde accusation lancée par Valls (janvier 2015) selon laquelle « à l’école, on a laissé passer trop de choses », cette dernière est la cible d’injonctions brutales qui gangrènent la mission civique de l’école dans une perspective dévoyée faisant de l’identité nationale la forme ultime et nécessaire du vivre ensemble.

jeudi 11 janvier 2024

L'histoire à l’école entre sondage d'opinion, illusion mémorielle et commande politique.

 

Un grand classique de la manipulation de l’opinion sur les questions scolaires : ce nouveau sondage (Opinionway) censé montrer l’ignorance des jeunes (16-24 ans) sur le passé et l’incapacité de l’enseignement de l’histoire à former des citoyens. Un sondage massivement repris dans les mêmes termes catastrophistes par les médias et dont il ressort plutôt que la commanditaire, Chloé Morin, politologue de profession, est tout autant ignorante de l’histoire que de son enseignement.

mardi 9 janvier 2024

Six mois : une révolution pour l'école ou une escroquerie ?

 

Le service public d’éducation confisqué par l’Éducation nationale et le ministre en titre : sur ce blog – de longue date – et sans doute ailleurs, tout a été dit. Resterait à en tirer les conséquences, ce qui est une autre histoire.

vendredi 5 janvier 2024

Delors et l’école : l’anti-Macron

 

Se présenter comme l’héritier de Jacques Delors alors qu’on en est l’antithèse, faire parler les morts quand ils ne sont plus là pour répondre : un classique des hommages officiels comme celui organisé ce 5 janvier. Se présenter comme un constructeur de l’Europe tout en remettant au goût du jour – à l’école tout spécialement – tous les fantasmes identitaires de l’extrême-droite est une imposture de plus à l’actif d’un président dont l’orgueil personnel et une vision ringarde et toute gaullienne du « rang de la France » auront plus contribué à freiner l’Europe qu’à la faire progresser.

Curieusement oublié, un rapport rédigé en 1996 pour l’UNESCO par la Commission internationale sur l’éducation pour le 21e siècle, présidée par Delors, mettait l’accent sur l’apprentissage tout au long de la vie et dégageait quatre concepts-clés : apprendre à connaître, apprendre à faire, apprendre à vivre ensemble, apprendre à être.

Quelques brefs extraits de ce rapport (toujours en ligne sur le site de l’UNESCO) confirment la régression de la pensée éducative officielle en France depuis une trentaine d’années et n’en font que mieux ressortir la violence rétrograde de la politique éducative Macron-Attal. En matière éducative également, Delors, c’est l’anti-Macron.

jeudi 4 janvier 2024

Refuser le SNU : pour les éducateurs, une obligation morale.

 

Des jeunes en uniforme, au garde-à-vous devant le drapeau aux accents de la Marseillaise : l’extrême-droite en rêvait, Macron le fait. Après 6 ans de mise en place laborieuse d’un dispositif qui n’a jamais rencontré le public visé, 6 ans de battage médiatique, de communication infantilisante autour d’un projet qui tourne à vide en dépit de son coût prohibitif, le SNU serait donc généralisé, imposant à l’ensemble de la jeunesse une obligation dont on ne connaît aujourd’hui d’équivalent dans aucun pays démocratique. Avec cette singularité qui semble avoir échappé à beaucoup : le transfert institutionnel et budgétaire à l’Education nationale d’une forme d’embrigadement, d’endoctrinement qui était autrefois à la charge de l’armée. Avec la mise au pas de la jeunesse autour d'une mystique identitaire, c'est aussi le service public d'éducation qui change de nature.

mardi 2 janvier 2024

Vœux de Macron, vieux Macron

 

Les vœux présidentiels ? Traditionnellement un exercice convenu auquel il serait vain d’accorder une signification particulière. Mais la place accordée à l’école – inhabituelle en ce genre de circonstance –  perçue comme le vecteur d’un « réarmement civique » et la connotation fortement nationaliste du discours confirment que, pour l’école et plus globalement pour les jeunes, l’année 2024 est celle de tous les dangers.

Le venin dans la plume, le venin dans l'école

Le venin dans la plume, le venin dans l'école

  Avec plus d’un tiers des électeurs votant au premier tour pour Zemmour, Le Pen ou Dupont-Aignan, la victoire finale de l’extrême-droite ...