dimanche 24 mars 2024

La république contre l'école : surveiller et punir

 

« L’École s’est donné comme mission de former des citoyens libres et éclairés. Par sa vocation émancipatrice, elle est un rempart essentiel contre l’obscurantisme (…) Son projet repose sur la double ambition d’émancipation intellectuelle des élèves par le savoir et la culture, et de construction d’un projet démocratique fondé sur des communs compris, partagés et respectés par tous. » 

Telle que formulée dans les instructions officielles*, cet objectif attribué à l’école paraît a priori difficilement contestable et même parfaitement honorable. Ce qui l’est moins, c’est que ce projet trouve ses limites dans le cadre singulièrement restrictif imposé par l’Éducation nationale à la formation morale et civique des élèves, rattachée de façon arbitraire et autoritaire à un régime politique, à un ordre politique plus exactement, en contradiction avec l’idéal démocratique et émancipateur officiellement affiché.

mardi 12 mars 2024

Protéger les enseignants ? Mais d'abord les protéger du Sénat...

 

Dans un rapport qu’il vient de publier, le Sénat rend publique une liste de recommandations visant à assurer une « protection effective » des enseignants. A la vérité, si les enseignants doivent être protégés de quelque chose c’est d’abord du Sénat et du climat d’hystérie entretenu autour de l’école.

vendredi 8 mars 2024

L’Éducation nationale : « un ordre étatique du savoir (...) une structure totalitaire » (Suzanne Citron)

 

Curieuse par sa genèse – terminée en 1978 mais refusée par plusieurs éditeurs – cette publication posthume de Suzanne Citron (2024) intéressera tout spécialement les enseignants. Car cette réflexion foisonnante, remontant à l’origine des hommes, aboutit tout naturellement à la question scolaire. En fil rouge, « une mise en ordre symbolique du monde », transmise en héritage au fil des siècles par une élite lettrée laissant à l’écart toute une partie de la société, privée des codes qui lui permettraient de se l’approprier. Pour Suzanne Citron, la césure entre activité manuelle et activité intellectuelle, légitimée par la hiérarchie traditionnelle – oratores, bellatores, laboratores – s’est transmise sans beaucoup de changements jusqu’à nos jours, notamment par l’intermédiaire de l’école, aboutissant à un appauvrissement arbitraire du principe d’éducation (cette vieille méfiance des éducateurs pour le corps et l’activité physique…) et s’avérant, quel que soit le régime politique, comme un redoutable outil de sélection sociale. A juste titre, Suzanne Citron rappelle comment Ferdinand Buisson, directeur de l’enseignement primaire en 1879 et reconnu comme l'un des promoteurs de l'école dite "républicaine", opposait les « aptitudes intellectuelles qui font l’homme » et les « aptitudes intellectuelles qui font l’ouvrier ».

lundi 26 février 2024

Lycée Averroès, collège Avicenne...Fraternité Saint Pie X : les valeurs très sélectives de la république.

 

Fermeture d’établissements suspects, internement d’élèves « radicalisés », chasse au « communautarisme » : oui mais, suspects musulmans, radicalisés musulmans, communautaristes musulmans. Exclusivement. Car pour les autres, l’Éducation nationale se montre beaucoup plus conciliante, notamment lorsque le communautarisme porte soutane. Une tolérance officielle pour l’enseignement traditionaliste qui, d’une certaine façon, inscrit l’école de la république dans la filiation d’une école religieuse historiquement datée, celle d’avant Vatican II (ou même d’avant Léon XIII ?)…

Cette note de blog (initialement publiée le 22/12/2020) n’est pas une critique de principe de l’enseignement hors-contrat ni de la liberté d’enseignement, encore moins une défense du monopole d’état sur l’éducation. Elle illustre simplement l’utilisation sélective des « valeurs de la république », aujourd’hui outil privilégié d’une islamophobie systémique.

samedi 24 février 2024

Attal : « on ne négocie pas avec la république »… sauf exceptions.

 

« Des sanctions fortes à la moindre entorse à notre pacte républicain… »… à l’école. On « ne négocie pas avec la République : on l’accepte, on la respecte en entier, sans la moindre exception » … à l’école. Devant les députés (30/01/2024) et devant les micros, Attal est intarissable sur le respect des règles, sur les punitions… à l’école. Car, pour le reste, c’est une autre histoire. Ce principe* prend une résonance toute particulière dans le contexte de violences débridées et décomplexées entretenu ces dernières semaines par quelques organisations agricoles. Avec ce curieux sentiment qui laisse comme un malaise : l’appel au respect de la loi, à la primauté du droit, les leçons de morale et de civisme, tout cela ne vaut que pour les élèves.

vendredi 23 février 2024

Rentrée 2026...

Septembre 2026 : rentrée en uniforme pour 13 millions d’élèves. Septembre 2026 : internement obligatoire d’une durée de 15 jours pour tous les élèves de seconde dans le cadre de l’intégration du SNU au cursus scolaire. Septembre 2026 : obligation pour chaque établissement d’organiser, conjointement avec les anciens combattants, une cérémonie avec levée des couleurs, dépôt de gerbe, minute de silence, sonnerie aux morts, Marseillaise…

Frayeur d’anticipation ? Si, du moins pour l’instant, la cérémonie dite « du souvenir » ne se rapporte qu’à une proposition de résolution déposée par une trentaine de députés de droite, son existence même donne une direction, celle montrée par une droite* décomplexée au point de reprendre à son compte, sans rien en changer, les élucubrations même les plus improbables de l’extrême-droite ; celle également d’un débat éducatif pris au piège d’une surenchère national-autoritaire validée par l’Éducation nationale.

mardi 13 février 2024

2018 - 2024 : six ans pour un SNU qui n'aurait jamais dû passer son premier anniversaire.

 

Le SNU a 6 ans : c’est en effet le 13 février 2018 que Macron annonçait la mise en place d’un impensable dispositif d’encadrement autoritaire des jeunes, « quelque part entre les Chantiers de jeunesse et la caserne de grand-papa, entre une fixation irrationnelle sur la conscription et une méfiance bien réelle pour la jeunesse », écrivais-je dans la première note de blog que je consacrais au sujet.

Le venin dans la plume, le venin dans l'école

Le venin dans la plume, le venin dans l'école

  Avec plus d’un tiers des électeurs votant au premier tour pour Zemmour, Le Pen ou Dupont-Aignan, la victoire finale de l’extrême-droite ...