L’extrême-droite aux manettes de l’Éducation nationale pour la prochaine rentrée ? Une photo de presse donne l’image de ce que cela pourrait représenter. Et c’est une photo du SNU.
Ni la Hongrie d’Orban, ni la Russie de Poutine, ni la Corée de Kim Jong-un, ni la France de Bardella… du moins pour l’instant. Car dans les semaines qui viennent, l’école en France pourrait bien ressembler à cette photo prise au lycée Olivier Guichard à Guérande (Loire-Atlantique), lors de la première session du SNU en juin 2019*. Des élèves en uniforme, au garde-à-vous devant le drapeau, regroupés chaque matin pour la Marseillaise règlementaire, soumis à une obligation d’obéissance absolue : le caporalisme est au programme du RN, un projet fou qui fait du contrôle total (du moins en apparence) la base de l’éducation et de la punition le fondement de la discipline scolaire. Mais le SNU, c’est également « la mise en scène d’une jeunesse militarisée et patriotique, disciplinée, un message adressé à une opinion publique nostalgique du service militaire, fantasmé comme le garant d’un ordre civique perdu » (ma note du 25/05/2024), un ordre dont la restauration devient l’objectif prioritaire fixé à l’école par l’extrême-droite.
Pourquoi ressortir cette photo vieille de cinq ans ? Tout simplement parce que depuis cinq ans que cette photo a été prise, depuis cinq ans que le SNU traîne chaque année ses cohortes de jeunes pour un séjour dit « de cohésion », depuis cinq ans que l’Éducation nationale mobilise sa hiérarchie, une partie de ses personnels et de son budget pour faire fonctionner ce dispositif digne de la Russie de Poutine etc, il faut bien reconnaître que sa contestation n’a jamais été à la hauteur du symbole : celui d’un système éducatif qui voit dans l’encasernement des élèves un mode éducatif comme les autres. Dans le contexte politique actuel qui rend possible/probable l’extension à l’ensemble de l’école de principes qui tiennent davantage du dressage que de l’éducation, l’Education nationale peut, à travers le SNU dont elle est le maître d’œuvre (séjour de cohésion du 17 au 28 juin), légitimer toujours plus tous les fantasmes de l’extrême-droite. Et ceci, sans rencontrer d’opposition. Ou si peu.
« A l’école, on ne conteste pas l’autorité » : cette forte pensée, qui pourrait être de Bardella, sort en réalité de la bouche d’Attal, promoteur du SNU, des uniformes, des internats punitifs, un catalogue dans lequel l’extrême-droite n’a plus qu’à puiser.
Si l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir devait se confirmer – il faut faire preuve de beaucoup d’optimisme pour se persuader aujourd’hui du contraire – elle confirmerait ainsi la force d’un populisme éducatif qui, manifestement, transcende les frontières politiques.
*Notons toutefois que cet article évoquait une possible généralisation " à l'horizon 2022-2023"...
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