Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a répondu favorablement à la demande ubuesque d’Attal de « tester » l’uniforme scolaire dans quelques établissements. Rien d’étonnant à cela : pour deux arrivistes – le regard fixé sur les sondages d’opinion – à qui l’on prête les plus hautes ambitions (pour eux-mêmes, pas pour l’intérêt général), la question scolaire est d’abord une affaire de fringues. Inutile de revenir sur l’argumentaire développé par Wauquiez : « gommer les différences » (alors que l’école française se caractérise par une étroite corrélation entre les résultats des élèves et leur milieu social), « lutter contre les symboles religieux » ( cinq jeunes filles en robe longue signalées en septembre…), « citoyenneté » (dans l’histoire de l’Europe, les régimes politiques qui ont voulu mettre les jeunes en uniforme n’ont jamais été des modèles de démocratie) etc. Bref, sur ce sujet, le même recueil de fantasmes inlassablement exploité par la droite et l’extrême-droite et toujours relayé avec complaisance par des médias bien peu regardants sur la nature réelle de la question.
Un détail semble toutefois avoir échappé aux commentateurs : ce coup de communication – l’uniforme dans cinq établissements de la région – sera pris en charge par la région, c’est-à-dire par le contribuable, à la grande satisfaction d’Unitex, le syndicat patronal du textile pour qui la production de ces uniformes dans la région serait « tout à fait possible (…) Il n'y a aucune barrière pour produire tous ces vêtements localement ». De fait, il serait vain de chercher une barrière entre le lobby du textile et le président de région, puisqu’au final, le caprice du prince sera à la charge du contribuable.
Un rapide calcul : en se basant sur l’exemple de la Grande-Bretagne (où, au passage, la tenue vestimentaire des élèves ne relève pas du politique), le coût moyen d’un uniforme scolaire s’élève en moyenne à 300 euros, la généralisation de l’uniforme aux 12 500 000 élèves en France entraînerait une dépense annuelle (la durée de vie des vêtements dépassant rarement une année) de près de 4 milliards d’euros. Un profit de 4 milliards d’euros pour les entreprises ? Assuré par le contribuable ? A moins, bien sûr, de les faire fabriquer au Bengladesh (ou à Madagascar, comme c’est le cas pour les uniformes du SNU)…
Pour Mickaël Paccaud, conseiller régional de Wauquiez, délégué à « l'excellence éducative » (sic) en charge du dossier des uniformes, l’uniforme scolaire est un moyen de « travailler sur la citoyenneté, le respect ». En Auvergne-Rhône-Alpes comme ailleurs, c’est surtout une grossière arnaque.
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