Mise à jour de la note du 14/09/2023
Printemps 2002 (une autre époque…) : la présence de J.-M. Le Pen au second tour des présidentielles provoquait une formidable commotion nationale où l’effroi le disputait à l’incrédulité. Quelques jours plus tard, des manifestations de masse préfiguraient le rejet électoral massif de l’extrême-droite au second tour de scrutin. Il aura fallu bien peu de temps pour que ce rejet se transforme en complaisance, en complicité, en indifférence, en fatalisme… Toute une gamme d’attitudes qui aura accompagné la banalisation d’une extrême-droite qui peut, sans optimisme excessif, envisager la suite de l’histoire. Mais si l’extrême-droite a cessé de faire peur – la figure policée de la fille remplaçant celle, inquiétante, de son baroudeur de père – c’est surtout parce que son idéologie, ses valeurs, ses thèmes de prédilection, ont atteint très rapidement une large partie de la société, un transfert encouragé par une classe politique aveugle et/ou pusillanime prétendant lutter contre l’extrême-droite en reprenant ses idées. De façon significative, cette banalisation a trouvé un terrain d’élection autour de l’école. Laïcité identitaire et punitive, conception du civisme fortement centrée sur une communauté nationale imaginaire, vision autoritaire de l’éducation : les chemins de l’extrême-droite ont, ces dernières années, croisé ceux de l’école. La visibilité des symboles nationaux sur les murs de l’école, le culte de la Marseillaise, la participation de plus en plus obligée des élèves à des commémorations bien davantage patriotiques et militaires qu’historiques, la perspective d’un SNU généralisé, loin d’être un épiphénomène, sont plutôt le signe d’une éducation civique fortement dévoyée par un système de pensée qui est également celui de l’extrême-droite. Pas seulement de l’extrême-droite, certes mais ce n’est pas une excuse…