La Marseillaise revendiquée comme « hymne révolutionnaire » est-elle légitime dans le cursus scolaire des élèves et les programmes officiels de l’Éducation nationale ? Sans rien changer à sa phraséologie d’origine, une Marseillaise « de gauche », populaire, autorise-t-elle à dénoncer comme une « récupération » la ferveur dont elle jouit à droite et à l’extrême-droite ? Cette option, régulièrement avancée chez les militants de gauche et, autant qu’on puisse en juger, dans un milieu enseignant qui a toujours fait preuve d’une solide complaisance pour les prescriptions officielles sur le sujet, met en avant le contexte historique de la composition de la Marseillaise, censé justifier, près de deux siècles et demi plus tard, son apprentissage obligatoire. Ce faisant, l’anachronisme n’est pas loin car chanter la Marseillaise en 2024 – surtout lorsqu’il s’agit d’une prescription administrative – ne peut pas avoir la même signification qu’en 1792.