mercredi 9 avril 2025

20 ans de blogs

 

« Marseillaise et loi Fillon » : c’était le 9 avril 2005, le titre de ma première note de blog. Il y a 20 ans. Toujours en ligne, en dépit des vicissitudes et des hasards inhérents aux changements d’hébergeurs, successivement (Canablog, Rue89, Mediapart). C’était aussi la grande époque des blogs (1), avec des lecteurs intervenant régulièrement en commentaires (il est vrai de façon pas toujours très subtile), entretenant un débat sur des questions toujours au cœur de mes préoccupations … et aujourd’hui de mes inquiétudes.

L’école sous la pression d’un populisme éducatif à dominante identitaire et sécuritaire : même s’il faut se méfier des périodisations parfois un peu rapides, on comprend que les politiques scolaires et les discours dominants au cours des vingt années écoulées auront contribué à alimenter autour de l’école une atmosphère toxique, faite de méfiance pour les élèves, de paresse intellectuelle dans les choix éducatifs, enfermant l’école dans une posture de forteresse assiégée, de refuge idyllique face à un monde dont on n’accepte pas l’évolution. Ferry, Darcos, de Robien, Blanquer, Attal, pour ne citer que les plus bruyants et les plus agités, auront laissé leurs noms dans une sorte de croisade résolument rétrograde dont on ne voit pas la fin parce que, précisément, elle tourne à vide. Remettre les « fondamentaux » au cœur de l’école, « relever le niveau », « rétablir l’autorité du maître » : comme il est vain  d’espérer des progrès de « fondamentaux » dont on n’interroge pas la pertinence, d’un « niveau » jamais défini ou d’une « autorité » confondue avec l’obéissance, il ne reste plus alors qu’à se rabattre sur des gadgets ou des professions de foi dont les médias assureront le succès : uniformes, SNU, symboles nationaux, valeurs de la république, etc.

Si la suite n’est évidemment pas écrite, ces vingt années ne portent pas vers l’optimisme : sur l’école comme sur bien d’autres sujets, il est coutume de dire que la droite et l’extrême-droite auraient gagné « la bataille des idées ». Formulation partiellement exacte, tant la gauche – du moins la gauche institutionnelle – a été peu présente dans cette bataille, se réfugiant dans une approche un peu vaine autour des « moyens ». Mais des moyens pour quoi faire ? Question rarement posée.

 

(1) … qui contraste furieusement avec l’audience confidentielle attachée aujourd’hui à mes blogs. Après une période particulièrement gratifiante d’hébergement sur Rue89 – un privilège dont je n'avais alors pas conscience ; je le dis sans forfanterie, mais lorsque l’on écrit, c’est aussi pour faire partager ses convictions – je ne peux que constater le faible écho suscité par mes notes de blog, notamment dans la mouvance éducative. Raison de plus pour remercier sincèrement ceux et celles qui les relaient régulièrement.

Précision : Blogger me sert principalement de blog d’archivage (on n’est jamais trop prudent…) pour des notes aujourd’hui hébergées par Mediapart. https://blogs.mediapart.fr/b-girard-0

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