Nouvelle (et ultime ?) hypothèse de la comédie du pouvoir, la possible désignation de X. Bertrand à la tête du gouvernement est comme un signal fort adressé à un électorat auquel le président de la région Hauts-de-France doit son élection, celui de la droite dure et de l’extrême-droite, celui que ses ambitions présidentielles doivent continuer à convaincre, notamment comme chef de gouvernement. Pour un électorat qui n’existe que par la désignation de boucs-émissaires - les jeunes et plus spécialement les jeunes « issus de l’immigration » - Bertrand présente un profil parfait.
Le jour de la rentrée, selon un rituel Potemkine bien rôdé, préparé et répété par des personnels soigneusement sélectionnés, Bertrand a remis leur uniforme aux élèves de l’un des seuls lycées de France à avoir accepté de participer à cette entreprise de pure communication gouvernementale, où les élèves sont pris en otage dans une opération assez sordide dont les motivations sont très éloignées des obligations du service public d’éducation. Un constat qui, manifestement, ne trouble pas outre mesure les enseignant.es de ce lycée professionnel. Notons au passage que les huit lycées ciblés par l’uniforme sont presque tous des lycées professionnels qui, de par leur nature, accueillent des élèves issus de milieux majoritairement peu favorisés, qui n’ont peut-être pas, à la différence des lycéen.nes « de centre ville », la possibilité de descendre dans la rue manifester leur opposition. Un uniforme ethnique ?
Bertrand s’est également signalé par sa furieuse opposition à la reconduction du contrat d’association liant le lycée musulman Averroès avec l’état, bloquant systématiquement la subvention régionale à laquelle peut prétendre cet établissement, refus condamné à deux reprises par le Conseil d’état, avant que le contrat ne soit finalement résilié suite à l’intervention du préfet local, âme damnée de Darmanin. Sur Averroès comme symbole d’une islamophobie d’état, on renvoie à ces articles édifiants :
Sur un thème finalement très voisin - les jeunes, classe dangereuse - Bertrand a fait connaître à plusieurs reprises ses conceptions concernant la délinquance, non pas de son ami et mentor Sarkozy, mais des mineurs, objets de toutes les phobies de la droite et de l’extrême-droite. En campagne pour la présidentielle 2022, Bertrand, dépassant Ciotti sur sa droite, avait pris position pour l’abaissement de la majorité pénale à 15 ans, le triplement des places de prison pour mineurs et l’encadrement militaire de ces derniers. Dans une logique finalement très proche, reprise aujourd’hui par Attal, Bertrand assimile dans une même problématique délinquance et échec scolaire, notamment en présentant l’absentéisme scolaire comme « la première marche d’une forme de délinquance » (Vous Nous Ils, 03/05/2010, lien non retrouvé mais déclaration garantie exacte).
Le 21 décembre dernier, à l’invitation des Amis du CRIF, après avoir exprimé une solidarité sans nuances avec le gouvernement israélien (« le combat que porte Israël, c’est le combat de tous »), Bertrand a repris à son compte une idée majeure du projet éducatif de l’extrême-droite, celle des centres éducatifs fermés pour élèves « perturbateurs » : « il doit également y avoir une totale intransigeance sur le respect des programmes et des structures spécialisées doivent être mises en place pour encadrer les enfants qui ont des comportements inappropriés. » Chudeau, sors de ce corps…
Avec un tel profil, Macron aurait sans doute trouvé la personnalité susceptible de fédérer une majorité : très à droite, s’acoquinant selon les circonstances à l’extrême-droite.
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