samedi 20 juillet 2024

Ce que l'infantilisme de la gauche fait à l'école

 

Le 7 juillet au soir, un scrutin quasi miraculeux permettait de repousser, au  moins pour un moment, le cauchemar d’un gouvernement d’extrême-droite dont l’école était – avec les migrants – la cible privilégiée. Et même si le programme éducatif du NFP, certes élaboré dans l’urgence, ne brillait pas par son audace, du moins constituait-il une sérieuse remise en cause de la politique à la fois brouillonne et brutale menée ces dernières années.

Encore fallait-il avoir l’intention de gouverner… Une interrogation qu’on peut légitimement formuler au vu du pitoyable spectacle donné par les leaders de la gauche, incapables de faire taire leurs divergences. Les données sont pourtant relativement simples : à partir du moment où la gauche n’est majoritaire ni dans l’électorat (17 % des inscrits) ni à l’Assemblée nationale, prétendre imposer la totalité d’un programme (« tout notre programme ou rien… ») n’est ni crédible ni démocratique. C'est même irresponsable. D’où cette impression que d'aucuns semblent préférer la perspective, finalement confortable, d'un gouvernement de droite voire d'extrême-droite, à l'exercice de responsabilités partagées. Cette tendance n’est certes pas nouvelle avec la gauche française mais dans le contexte de la menace d’extrême-droite, elle prend une acuité toute particulière.

Trouver un compromis permettant de remettre le social au cœur d’un débat politique gangrené par les considérations identitaires et sécuritaires : il fallait pour ça faire taire les querelles d’ego et/ou de chapelle, un choix qui n’a pas été fait et qui expose l’école – pour en rester sur ce sujet – à affronter une nouvelle rentrée scolaire dessinée par la droite. Remettre le social au cœur du débat politique implique aussi de remettre la pédagogie au cœur du débat sur l’école.

Un compromis ? Est-ce si difficile à trouver pour mettre un coup d’arrêt à toutes les réformes lancées autoritairement ces dernières années, aux annonces à l’emporte-pièces dont l’école, bien malgré elle, a été la scène ? Même si toute rentrée scolaire est, par nature, préparée très amont, laisser les établissements gérer comme ils l’entendent, pour en limiter les effets, le « choc des savoirs » ou les classes de niveau ne rencontre pas d’obstacles insurmontables… en dehors des habitudes et des traditions de méfiance pour le transfert de responsabilités propres à un système éducatif centralisé à l’extrême. Dans un même ordre d'idées, il n'est pas trop tard début septembre pour prévenir les élèves de Troisième que le DNB ne sera pas pour eux un couperet. Des gadgets comme l’« expérimentation » de l’uniforme ou le SNU ne méritent rien d’autre qu’un simple trait de plume pour se retrouver à la corbeille.

Ces premières mesures de court terme, d’ordre conservatoire, mises en œuvre, pourrait alors commencer une réflexion préalable à toute réforme, sur les contenus de l’enseignement, sa nature (quelles formes pour quels savoirs, quelles compétences ?), sur une évaluation au service du progrès des élèves et non au service de la communication du ministre, sur les rythmes scolaires, sur la formation des enseignants qui devrait en découler, sur l'évolution nécessaire d'un service public d'éducation aujourd'hui étouffé par une administration qui dévore ses enfants, etc. Une réflexion dont les politiques devraient accepter qu’elle implique prioritairement tous les acteurs du système éducatif, qu’elle prenne son temps et ne soit pas bornée par le calendrier politique.

Un impossible compromis ? Si c’est vraiment le cas, il faudra en assumer les conséquences, pour l’école comme pour la société tout entière. Car si la menace d’un ordre politique brutal a été momentanément écarté, il faut s’aveugler pour ne pas voir que l’échec de la gauche lui ouvrirait toutes grandes les portes. Sans doute pour de longues années.

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