vendredi 5 janvier 2024

Delors et l’école : l’anti-Macron

 

Se présenter comme l’héritier de Jacques Delors alors qu’on en est l’antithèse, faire parler les morts quand ils ne sont plus là pour répondre : un classique des hommages officiels comme celui organisé ce 5 janvier. Se présenter comme un constructeur de l’Europe tout en remettant au goût du jour – à l’école tout spécialement – tous les fantasmes identitaires de l’extrême-droite est une imposture de plus à l’actif d’un président dont l’orgueil personnel et une vision ringarde et toute gaullienne du « rang de la France » auront plus contribué à freiner l’Europe qu’à la faire progresser.

Curieusement oublié, un rapport rédigé en 1996 pour l’UNESCO par la Commission internationale sur l’éducation pour le 21e siècle, présidée par Delors, mettait l’accent sur l’apprentissage tout au long de la vie et dégageait quatre concepts-clés : apprendre à connaître, apprendre à faire, apprendre à vivre ensemble, apprendre à être.

Quelques brefs extraits de ce rapport (toujours en ligne sur le site de l’UNESCO) confirment la régression de la pensée éducative officielle en France depuis une trentaine d’années et n’en font que mieux ressortir la violence rétrograde de la politique éducative Macron-Attal. En matière éducative également, Delors, c’est l’anti-Macron.

 


« En tant que moyen, il s’agit pour chaque individu d’apprendre à comprendre le monde qui l’entoure, au moins autant qu’il lui est nécessaire pour vivre dignement, pour développer ses capacités professionnelles, pour communiquer. En tant que finalité, le fondement en est le plaisir de comprendre, de connaître, de découvrir (…)

L’éducation a pour mission d’enseigner simultanément la diversité de l’espèce humaine et la conscience des similitudes et de l’interdépendance entre tous les êtres humains de la planète (...)

L’éducation doit contribuer au développement total de chaque individu — esprit et corps, intelligence, sensibilité, sens esthétique, responsabilité personnelle, spiritualité (...)

Tout être humain doit être mis en mesure, notamment grâce à l’éducation qu’il reçoit dans sa jeunesse, de se constituer une pensée autonome et critique et de forger son propre jugement, pour déterminer par lui-même ce qu’il estime devoir faire dans les différentes circonstances de la vie (...)

Plus que jamais, l’éducation semble avoir pour rôle essentiel de conférer à tous les humains la liberté de pensée, de jugement, de sentiment et d’imagination dont ils ont besoin pour épanouir leurs talents et rester aussi maîtres que possible de leur destin (...)

La diversité des personnalités, l’autonomie et l’esprit d’initiative, voire le goût de la provocation, sont les garants de la créativité et de l’innovation (...) »

 

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