lundi 4 septembre 2023

Une rentrée qui sent la naphtaline… mais pas que…

 

Abaya, uniforme, fondamentaux (terme officiel pour désigner les rudiments) : je n’ai pas le souvenir d’une rentrée sentant à ce point la naphtaline, même sous Blanquer ou Darcos. Bien sûr, il faut tenir compte de la logique qui préside à la communication ministérielle – qui s’adresse à une opinion publique fabriquée, hors-sol le plus souvent – et non aux professionnels ni même aux parents, encore moins aux élèves. Le temps passé par Attal devant les médias, déplacements inclus, illustre une tendance de plus en plus pernicieuse qui consiste à noyer le débat politique sous un verbiage assourdissant. Ce faisant, on n’attend pas du ministre qu’il maîtrise son sujet mais qu’il occupe le terrain, les écrans, les micros, les réseaux sociaux.

Néanmoins, ce qui fait sens dans la journée de rentrée d’Attal, ce sont les thématiques abordées qui relaient presque mots pour mots le projet éducatif de l’extrême-droite : laïcité punitive aux relents racistes, uniforme obligatoire, éducation réduite aux rudiments. Rien de nouveau dira-t-on : il y a 6 ans, Le Pen avait déjà eu l’occasion de se réjouir de cette orientation : « Jean-Michel Blanquer reprend à son compte nos idées sur l'école. Je ne peux que m'en féliciter. C'est une victoire idéologique pour nous, et une défaite des pédagogistes, qui ont fait tant de mal au pays ! » Or, la mission que semble s’être donné Attal depuis sa nomination, est de coller au plus près aux désirs et aux objectifs d’un président (et de son épouse…) : racoler l’électorat de la droite dure et de l’extrême-droite. Attal, c’est la voix de son maître. Et l’aplomb avec lequel le ministre est rentré dans ce rôle laisse penser que ce n’est peut-être là qu’un début. Des menaces pèsent sur la suite : sur l’EMC, sur l’enseignement de l’histoire, sur la formation des enseignants du primaire (prélude à une rupture de fond entre le primaire et le secondaire qui ramènerait l’école très loin en arrière ?) Derrière le clinquant du ministre (d’aucuns y voient du brio…) c’est bien un projet brutalement réactionnaire qui se dessine.

Cette période de rentrée aura également mis en lumière cette immuable habitude qui consiste à claironner des annonces (du président ou de son porte-voix) en court-circuitant les intermédiaires et les principaux intéressés. Dans quel genre de régime politique accepterait-on que les jeunes soient mis en uniforme sur un claquement de doigt du chef de l'état ou d'un ministre ? Organisation typiquement non démocratique d’une administration qui fait de l’obéissance indiscutée de ses agents son principe de fonctionnement, un héritage napoléonien dans lequel s’est coulée sans beaucoup de résistance l’école dite de la république.

Reste également que ce type de fonctionnement ne serait pas possible sans la participation – aveugle ? assumée ? complice ? – des médias relayant sans distanciation, sans regard critique, les dites annonces, témoignant le plus souvent de leur ignorance des questions éducatives mais aussi de leur complaisance pour les sujets racoleurs. Les sondages sur l’uniforme scolaire sont attendus…

Le service public d’éducation confondu avec les services rendus au pouvoir politique : un vieux classique de l’histoire de l’éducation qui intervient pour une bonne part dans le blocage du système scolaire français. 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Le venin dans la plume, le venin dans l'école

Le venin dans la plume, le venin dans l'école

  Avec plus d’un tiers des électeurs votant au premier tour pour Zemmour, Le Pen ou Dupont-Aignan, la victoire finale de l’extrême-droite ...