jeudi 29 juin 2023

Colère légitime, violences gratuites

Racisme dans la police ? La chose n’est pas nouvelle, c’est même une vieille tradition française (Charonne, octobre 1961, etc ), confirmée par nombre d’enquêtes dignes de foi (je ne parle pas des journalistes dits indépendants que la violence de rue fait jouir et qui l'entretiennent) et surtout symptôme d’un régime politique (la république dite universaliste, un comble…) qui n’a jamais été capable de gérer correctement la diversité. Pour abattre à bout portant un conducteur qui refusait d’obtempérer, il fallait qu’il se sente bien sûr de lui, ce policier de Nanterre…ou qu’il ait été bien mal formé. Est-ce une raison suffisante pour voir dans la violence de rue la suite légitime d'une violence policière ?

 

Colère et indignation autour de la mort de Nahel. Certes mais les écoles et les transports urbains, les équipements communaux incendiés, les commerces pillés, les pompiers caillassés, et ceci, jusque dans des villes où les violences policières sont inconnues, est-ce vraiment en mémoire de Nahel ? L'incendie du centre de loisirs des enfants du quartier, l'expression d'une conscientisation du racisme ? Quelle signification prêter à une violence qui, finalement, se retourne contre les habitants du quartier qui en est la cible ? Est-il pertinent de faire systématiquement découler la violence de la colère ? Et comment, au contraire, donner à la colère une dimension politique sans laquelle elle tourne à vide ?

Autant de questions qui ne sont pas une injure à la mémoire de Nahel ou des victimes du racisme et que les politiques de tout bord, à chaque fois qu’ils sont au pouvoir, se gardent bien de poser. Après avoir désigné Valls comme Premier ministre, la gauche n’est pas qualifiée pour faire la leçon.

Aujourd’hui, se trouve à nouveau posée la question de la violence de rue et de sa légitimité, la question, également, de son ambiguïté, dans un pays qui a l’indignation facile mais étrangement sélective, un pays qui, ces dernières années, fait preuve d’une singulière complaisance pour la violence, quel qu’en soit le motif. La violence serait par principe révolutionnaire, sociale, morale ? Ce serait trop facile. De fait, il sera mal venu de condamner les violences urbaines de ces derniers jours après avoir cautionné la violence des gilets jaunes lancées contre les limitations de vitesse ou contre les taxes sur le gazole ; la violence d’une organisation agricole (la Fnsea) dont la plupart des actions sont accompagnées de déprédations jamais condamnées et même souvent admises par les pouvoirs publics ; celles de militants défenseurs autoproclamés de l’environnement vandalisant des œuvres d’art dans les musées ; celle des blacks blocs et de tous ceux qui prennent prétexte de n’importe quel mouvement social pour se défouler dans les rues. Avec, dans tous les cas, les meilleures raisons du monde, accompagnées d’une couverture médiatique généralement tolérante.

Pour le reste, il est peu probable que cette flambée de violence débouche sur autre chose que toutes celles qui ont précédé (2005 etc) : un boulevard pour l’extrême-droite.

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