Avec un module dédié, le développement durable fait partie
des thématiques abordées dans le cadre du séjour dit "de cohésion" du SNU. Dans un
environnement climatique qui s’est singulièrement dégradé durant ces derniers
mois, les organisateurs ne ratent pas une occasion de mettre en avant cette
dimension pour tenter de justifier un dispositif dont la finalité échappe à
plus d’un. En pure perte.
De fait, en dépit de l’auto-persuasion des promoteurs du SNU, la thématique sur le développement durable n'a pas réussi à s’imposer aux yeux des jeunes volontaires qui sont manifestement là pour toute autre chose, comme l’observait déjà l’enquête INJEP de 2021 : alors que les activités physiques et sportives suscitent l’intérêt de 70 % des participants, les activités liées à la défense et à la sécurité 64 %, le développement durable et la transition énergétique se traînent péniblement à 9 %... « en miroir de la forte appétence pour les modules sur la défense, la sécurité et la résilience ainsi que de l’intérêt pour les temps « rituels » quotidiens, les jeunes indiquent être intéressés par un renforcement du module sur la défense, la sécurité et la résilience nationales ». Des choix à mettre en rapport avec le côté scolaire de la thématique développement durable mais surtout avec le profil très spécifique des jeunes en question très majoritairement motivés par les carrières en uniforme et d’ailleurs, pour un tiers d’entre eux, issus d’une famille militaire.
Confirmation avec le rapport INJEP de 2022 pour qui « très peu [de jeunes volontaires] montrent une appétence pour l’engagement environnemental (…) une thématique qui peine à être attractive ». Une faible attirance que le développement durable partage d’ailleurs avec l’éducation à la citoyenneté.
Autrement dit, le développement durable – au même titre que les multiples activités à la dénomination ronflante censées donner un semblant de crédibilité à un dispositif qui n’en a pourtant guère – est d’abord au service de la très prolixe communication du SNU. Avec le recul de trois années d’expérimentation, se vérifie l’intuition de départ : le SNU d’une part récupère ce qui est la mission traditionnelle de la JDC (le recrutement militaire), tout en renforçant la dimension identitaire de l’éducation morale et civique et plus globalement de la scolarité que la rentrée 2022 rend obligatoire.
Pour l'an prochain, dans le module vérification des acquis scolaires, je suggère l’exercice suivant : sachant que la généralisation du SNU coûtera chaque année 3 à 4 milliards d’euros au contribuable et que le coût unitaire d’un Canadair est d’environ 60 millions d’euros (pour une durée de vie de plusieurs dizaines d’années), quelle superficie de forêt pourrait-on protéger en transférant le budget du SNU vers la sécurité civile ?
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