Le programme NUPES pour l’Ecole ? En réalité, une version à peine édulcorée du programme Mélenchon pour les présidentielles, revu à la hâte (et même bâclé) comme pour dédommager les partenaires du moment de leurs bons et loyaux services. Un inventaire à la Prévert, un catalogue de supermarché, un recueil de bonnes intentions qui n’engagent à rien, une accumulation de propositions, pour la plupart curieusement non chiffrées. Mais surtout, derrière les mots, derrière le paravent de l’égalité nécessairement républicaine, un conservatisme franchement assumé, l’incapacité à remettre en question le fonctionnement autoritaire et abusivement étatique du système éducatif, une école cantonnée dans la transmission d’un savoir classique jamais interrogé, la réaffirmation du maître au centre du système (il est vrai que l’élève au centre n’a jamais été qu’un vœu pieux…). Bref, comme déjà dit, même avec un financement de gauche (quoiqu'avec un chiffrage aléatoire), l’école de Mélenchon alias NUPES reste une école de droite.
Ci-dessous, en italique, la retranscription quasi intégrale des principales propositions suivies d’un bref commentaire.
Reconstruire une école globale pour l’égalité et l’émancipation. Jusque-là, ça ne mange pas de pain…
Assurer la gratuité réelle de l’éducation (transports, manuels, cantine…) Construire de nouveaux établissements et rénover les bâti existant. D’autant plus facile à réclamer que ces dépenses sont à la charge des collectivités locales.
Porter l’alimentation dans les cantines scolaires à 100 % biologique et locale. Outre que c’est déjà la tendance un peu partout, un problème survient lorsqu’il apparaît que biologique et local sont antinomiques.
Réduire les effectifs par classe … en priorisant le pré-élementaire, les lycées pros et l’éducation prioritaire. C’est bien connu : les effectifs en primaire, collège et lycée non pros sont tout à fait acceptables.
Permettre la scolarisation dès 2 ans pour les parents qui le souhaitent. C’est déjà permis depuis pas mal d’années.
Etendre la scolarité obligatoire à 18 ans. L’école obligatoire de 3 à 18 ans, une spécificité française dont on peine à voir les mérites. Un peu comme la laïcité « à la française ».
« Objectif zéro décrocheur » : renforcer les dispositifs de rattrapage scolaire en proposant des accompagnements individuels ou collectifs. Une formulation toute blanquerienne pour un dispositif qu’une version précédente définissait comme un « droit au redoublement » (sic), ce qui est effectivement plus facile à mettre en œuvre que de s’interroger sur les raisons de l’échec scolaire.
Etablir une nouvelle carte scolaire intégrant les établissements privés. Moduler les financement des établissements privés sous contrat en fonction du respect de la carte scolaire et des obligations de mixité scolaire. Faut-il conclure que les établissements publics, eux, ne seraient pas tenus de respecter la mixité scolaire ?
Garantir la variété des langues vivantes enseignées et leur apprentissage dès le CP. Ou comment rétablir les classes de niveau sans le dire … ou encore réserver l’exigence de mixité sociale aux seuls établissements privés.
Revaloriser les personnels de l’EN et renforcer les moyens : rattraper et mettre fin au gel du point d’indice en engageant une négociation avec les organisations syndicales. Depuis cinq ans, dans la novlangue de Blanquer, la revalorisation est « sur la table ». Rien de nouveau.
Adopter un plan pluriannuel de recrutement Pas de chiffrage. Créer des écoles professionnelles de l’enseignement. Dans la lignée des IUFM, des ESPE, des INSPE, un changement d’acronyme fera toujours l’affaire.
Mettre fin aux évaluations et aux contrôles permanents en affirmant la liberté pédagogique, redéfinir la relation entre la hiérarchie et les personnels pour en finir avec le management descendant à l’origine de nombreuses souffrances au travail. Bonne surprise, aussitôt brisée par les propositions suivantes qui aboutissent à renforcer le « management descendant » du système : Restaurer le cadre national du service public d’éducation. Garantir le caractère du service public de l’EN sur les contenus de l’enseignement, les modalités de recrutement et les statuts des personnels. Rétablir le caractère national du baccalauréat
Créer un véritable service public d’accompagnement des élèves en situation de handicap, avec un nouveau corps de fonctionnaires… Un premier pas vers l’exclusion des élèves handicapés du système scolaire ?
Renforcer la médecine scolaire. Vu l’état de mort clinique de la médecine scolaire, on pourra difficilement faire pire.
Faire de l’école le levier de la bifurcation écologique et démocratique. Une formulation que le permanent d’EELV de passage aura laissé échapper sans prendre le temps de développer.
Intégrer l’enjeu écologique dans les programmes de la maternelle au lycée. Dans les programmes officiels, ça s’appelle l’éducation au développement durable.
Etendre le droit de réunion et d’association pour les lycéens et les lycéennes. Tandis qu’à l’école et au collège, on est trop petit pour être pris au sérieux.
Formuler un projet d’école globale. Effectivement, tout est dans la formulation.
Qualifier tout le monde. Une formulation qui prend tout son sens à la lecture des propositions qui suivent.
Augmenter le nombre de classes et de lycées pros et agricoles publics. Les autres sont priés d’attendre.
Rétablir l’encadrement de la création des CFA sous l’autorité des régions. Comme par exemple en région Auvergne-Rhône-Alpes, placer l’apprentissage sous l’autorité de Wauquiez, seule la gauche pouvait y penser.
Structurer les filières professionnelles qui répondent aux besoins en main d’œuvre de la bifurcation écologique et sociale. S’il s’agit de répondre aux besoins du patronat, Macron ne dit pas autre chose.
Redonner et développer les moyens humains et financiers aux lycées agricoles publics. Michel Rocard était nettement plus ouvert… et plus lucide.
Refonder l’enseignement supérieur. Oui mais comment ?
Supprimer la sélection à l’Université aggravée par Parcoursup. Autrement dit, remplacer Parcoursup par une autre sélection…
Créer de nouvelles places pour répondre aux besoins (…) Redonner
à l’enseignement supérieur et à la recherche les moyens nécessaires. On n'est jamais trop prudent avec le chiffrage des moyens nécessaires.
Mettre fin à la précarité des personnels de l’enseignement supérieur par la titularisation de ceux qui effectuent des missions pérennes. Ne concerne donc pas les missions non pérennes.
Aligner par le haut les moyens octroyés entre filières (classes prépas, écoles post-bacs, grandes écoles publiques). Poser la question de la légitimité des classes prépas et du financement afférent, c’est vraiment trop difficile pour la gauche ?
Lancer un grand plan pour l’immobilier universitaire. S’il ne s’agissait que de lancer…
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