jeudi 8 février 2024

Cinq ministres en 18 mois : l’école, jouet des politiques

 

N. Belloubet, cinquième ministre de l’EN en 18 mois…Une nomination qui, après quatre autres au même poste en dit non seulement beaucoup sur la versatilité et la désinvolture de Macron mais également sur la fonction réelle de l’éducation dans le débat politique national : l’école en France n’est pas une priorité ; ce qui l’est, c’est la façon dont on en joue.

En la matière, Macron se place dans la longue tradition des responsables politiques très ignorants des enjeux éducatifs et des réalités du terrain mais pour qui l’éducation autorise tous les discours, même les plus creux, toutes les postures, même les plus vulgaires, pourvu qu’on en tire quelques points dans les sondages d’opinion. Depuis 2017, quand Macron a-t-il eu l’occasion de montrer une réelle pensée éducative ? Lors de sa dernière conférence de presse, une affligeante tirade sur l’uniforme, sur l’autorité, sur le SNU, sur le théâtre au collège (!), s’adressait surtout à un électorat très conservateur, celui de la droite et de l’extrême-droite, dans la perspective des présidentielles de 2027. Un projet éducatif ou un prospectus électoral ? Des convictions éducatives ou des préoccupations carriéristes ? Le choix de personnalités aussi différentes que Blanquer, Pap N’diaye, Attal, Belloubet, les nominations précipitées de ces derniers mois (les quatre semaines d’AOC resteront dans les annales) font pencher pour la seconde hypothèse. Ce que confirme la nature résolument populiste des thématiques le plus souvent mises en avant dans le débat éducatif grand public, en vrac : la violence à l’école, le foulard à l’école, l’autorité à l’école, l’histoire de France, l’uniforme, l’ « effondrement » du niveau etc, autant de sujets qui, outre qu'ils ne nécessitent aucune compétence particulière, sauront toujours flatter une large partie de l'opinion. Bref, une gouvernance du système en fonction de l’air du temps, un air du temps qui, ces dernières années, à l’école comme dans la société, souffle de l’extrême-droite.

Futile ? Ubuesque ? Sans doute mais pas seulement. Si cette façon de faire révèle un réel mépris pour l’école et plus généralement pour la chose publique, elle ne peut qu’aggraver le déficit de crédibilité et de légitimité d’un système éducatif otage de médiocres ambitions et de préoccupations inopportunes.

Ce soir, circule sur le net une curieuse contribution (datée de 2016) de la nouvelle ministre - « Supprimer le ministère de l’Education nationale » - contribution présentée comme une « provocation ». Un vrai service public d’éducation délivré de la tutelle étouffante du (de la) ministre et des pitoyables combines politiques constituerait déjà un réel progrès. On peut toujours rêver…

 

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